Comme la majorité des admirateurs du groupe, j’ai connu Supertramp en 1974, lors du lancement de leur 3e album Crime of the Century. Après des années de Glam Rock (Kiss, T Rex, Alice Cooper, Sweet, Bowie…) un véritable vent de fraîcheur émanait de ce vinyle, réalisé par de vrais musiciens. Des mélodies intelligentes et des structures musicales à la fois complexes et séduisantes.
Debout pendant 3 heures, tassées dans une foule compacte et intoxiquée. Certainement pas mon meilleur souvenir.
Mon fils, un inconditionnel
Je me rappelle d’avoir fait jouer l’album Even in the Quiestest Moment, dans mon automobile, au retour d’un voyage de ski. Mon fils, alors jeune adolescent, a aussitôt été séduit.
Après avoir adopté tous les autres albums, même ceux disponibles qu’en Europe (les 3 derniers), il attendait depuis de nombreuses années le retour de son groupe prodigue.
Roger Hodgson, à la place des Arts en juin 2006
Le 6 juin 2006, lors de sa première visite à Montréal depuis son départ du groupe en 1983, Roger Hodgson s’offrit un spectacle à la Place des Arts, dans une des plus belles salles de Montréal. Seulement accompagné de son éternel piano électrique et du guitariste-saxophoniste-pianiste Aaron McDonald, il nous a fait passer une soirée inoubliable.
Il en a profité pour y réaliser un DVD exceptionnel, toujours disponible. Sur YouTube, vous pouvez visionner 4 chansons tirées de ce DVD soit Breakfast in America , The Logical Song, Take the Long Way Home et Hide in your shell.
Supertramp, Cuvée 2010-2011
La tournée intitulée Supertramp 70-10, soulignait leurs 40 ans d’existence (de 1970 à 2010). Après deux albums inconnus de 70 à 73, et cinq albums de grande qualité de 74 à 82, le cofondateur Roger Hodgson quitte alors la formation en 83. Plus de 29 ans plus tard et 4 albums supplémentaires, le groupe surfe encore sur les succès de 74-83.
Montréal, le 16 juin 2011
Supertamp a finalement daigné faire son tour au Canada, pour s’arrêter à Montréal le 16 juin 2011. Après une douzaine de villes, dont Victoria, Vancouver, Edmonton, Calgary, Toronto et Québec, Montréal représentait la fin de leur tournée nord-américaine.
Plus de 10 000 personnes les attendaient de pied ferme au Centre Bell de Montréal. Pas de décor, un simple rideau et des effets de lumière minimaux et efficaces. Un public de tempes grises, hanches et ventres rebondis, arborant des t-shirts extra larges.
Un début difficile
La deuxième chanson Gone Hollywood, de Breakfast in America, n’a aussi jamais vraiment percé. Étrange mélodie et voix en falseto. Excellente pièce, mais très peu appropriée pour débuter un concert. La troisième pièce, Put On Your Old Brown Shoes, de Famous Last Words, reste un titre obscur, sans grand mordant.
La foule a très peu réagi pendant la première demi-heure du concert, un peu surpris par ces pièces moins connues.
Le géant se réveille enfin
Vous pouvez en tirer vos propres conclusions en comparant la même pièce It’s raining again interprété par Supertramp à London le June 10, 2011, et la version de Roger Hodgson de It’s raining again à Montréal, le 6 juin 2006.
Voici quelques vidéos tirées du spectacle de Supertramp à la Salle des Étoiles du Sporting de Monte-Carlo à Monaco, le 14 juillet 2011 (en HD) comme Bloody Well Right, Downstream, For Now On et Cannonball.
Homme de peu de paroles
Rick Davies n’adresse presque jamais la parole à la foule, ce rôle est dédié à John Anthony Helliwell, le saxophoniste depuis toujours. Son humour bon enfant séduit les spectateurs et rend ce groupe sympathique.
D’autant plus qu’avec le batteur Bob Siebenberg les 3 membres originaux du groupe, sont entourés de jeunes musiciens qui n’étaient pas nés lors de la formation du groupe
Improvisation et talent
La pièce de la fin, Crime of the Century, a été un autre moment magique. Une pièce phare qui n’a pas vieilli, malgré ses 38 ans…
Nostalgie ou consécration?
L’absence de Hodgson est triste, mais sans être indispensable pour revivre ces grandes pièces musicales. Hodgson a composé et chanté un grand nombre de chansons à succès, souvent mièvres, mais que le public adore (Dreamer, Take a little bit, The Logical song, Goodbye Stranger…) en grande partie responsable de cette nostalgie. Mais Paul McCartney réussit à jouer des dizaines de chansons des Beatles, sans que personne ne s’offusque de l’absence des trois autres.
Un spectacle que j’appréhendais, mais qui finalement m’a réconcilié avec la grandeur de ce groupe immortel.