J’avais vu Stéphane Rousseau en spectacle qu’une seule fois, en 1982 ou 83, aux fameux lundis des Ha-Ha, au défunt Club Soda, sur l’avenue du Parc. Du haut de ses 16 ans (!), il accompagnait le vieux « mononc » Roméo Pérusse, professionnel de la grosse blague bien juteuse des bars de la Main. À l’époque, moi-même dans la jeune vingtaine, j’avais trouvé ce duo très éclectique et, disons bien étrange pour l’époque. Il faut dire qu’à 16 ans, l’imberbe adolescent Rousseau avait l’air d’en avoir 13 ou 14 ans…
Je n’ai jamais été un admirateur de ses cabrioles avec Dubosc, où pendant des années ils ont joué sur leur ambivalence sexuelle, sur leur beau corps et leur sex appeal manquant d’humilité. Sans doute que notre beau Brummell joue un personnage à la Martin Matte, mais ce dernier est beaucoup plus caricatural, et plus hilarant. Dans le cas de Stéphane Rousseau, son petit côté Rock Star lui sert bien, mais tape sur les nerfs de beaucoup de spectateurs… masculins. Sans doute de la jalousie mal placée.
Et son spectacle?
Assise devant la télé, l’élue de mon cœur me confie qu’elle aimerait bien voir le spectacle de M. Rousseau. En deux clics, je constate qu’il joue en février à Terrebonne, non loin de chez moi. Quelques minutes et l’affaire était dans le sac, au parterre, dans les premières rangées.
Je n’avais pas beaucoup d’attente; ma dulcinée serait heureuse de sa soirée et tout ce qui compte. Et je ne m’étais pas beaucoup trompé. Dès l’ouverture, sur écran géant, on observe une longue animation dessinée de sa main, sur l’évolution d’un bébé jusqu’à l’âge adulte. Assez bien fait. Il est évident que beaucoup de moyens ont été investis dans la mise en scène, malgré un décor minimaliste. La technologie jouera un rôle prédominant avec des projecteurs, des écrans 3D, et une scène digne de Star Wars.
Dès le premier sketch, il joue la carte de la séduction en faisant monter une spectatrice sur scène, pour simuler une ballade en moto, tout en subtilité « Accroche-toi à ma grosse poignée, un peu plus bas ». Le ton était donné.
Le bon côté des choses
Mais j’ai quand même découvert un côté de lui que je connaissais peu. Il a un indéniable talent de conteur, digne des plus grands. Son expérience aux douanes américaines, ses souvenirs de jeunesse en camping « nudistes » et surtout les derniers moments de son père mourant dans la chambre d’hôpital, accompagné des étranges membres de sa famille. Même la voix de Mme Gigueur y était, probablement inspirée d’une vieille tante.
Il termine son spectacle avec « Rico », un croisement entre un étalon espagnol, et un lévrier criard. Un peu comme « Scott Towel », ce personnage est fatigué, après avoir été surexploité à la télévision. Selon moi, Rico devrait se reposer pendant quelques années, histoire de revenir en force à l’aube de la cinquantaine. On s’imagine que Rico pourrait nous faire rire encore plus, avec le recul sur ses années de libido débridé.
J’ai trouvé le spectacle un peu court, moins de 90 minutes, sans entracte. Mais j’imagine que comme nouveau père, il aime bien revenir à la maison un peu plus tôt, en permettant à sa clientèle de banlieusard, un soir de semaine, de retourner dans leur bungalow, avant le bulletin d’information de fin de soirée.
Pour vous mettre en appétit, voyez une chanson assez réussie de son spectacle, Moi si j’étais une femme.