Dans Notre Maison
» » » La rivière Matawin en canot dans la Réserve faunique Rouge-Matawin

La rivière Matawin en canot dans la Réserve faunique Rouge-Matawin

Depuis de nombreuses années, avec plusieurs vieux amis canoteurs, nous parcourons chaque printemps une différente rivière, pendant 2 ou 3 nuits. Étant tous domiciliés dans Lanaudière, nous pagayons ces nouvelles sections de rivière, dans notre coin de paradis.

La Haute Matawin, mystérieuse, et presque sans carte

Depuis longtemps, nous voulions descendre ce tronçon de la Haute Matawin (aussi appelé Matawin Supérieure ou Matawin Ouest) sur laquelle existe peu de renseignements. Situé à l’ouest du village de Saint-Michel des Saints, dans la Réserve faunique Rouge-Matawin (RFRM).

Le nom de cette rivière est même devenu l’appellation de cette région : La Matawinie. Cette section de rivière sauvage est réputée pour être relativement sportive au printemps, mais décevante en été. La seule carte disponible de cette section de rivière se trouve sur la bible électronique des cartes de rivières au Québec, soit cartespleinair.org (PDF 3,7 Mo), mais ne donne des informations que sur les 18 derniers km d’un parcours totalisant 32 km. Il existe une mention de la rivière Matawin sur le site de la Sepaq, mais très succincte (cliquez sur la section activités nautiques [!]).

Deux branches de la rivière Matawin Supérieure

Sur cette carte de Charles Leduc dans le site cartesplainair.org, il faut distinguer deux rivières Haute Matawin, soit la section Ouest, du km 69 [lac Odelin] au km 58 [à la jonction de la Matawin Est]. À partir de ce point, on parle alors que de la Haute Matawin, jusqu’au point de sortie au km 37, au poste d’accueil de la Réserve.

La section Est de la rivière, non cartographiée pour le canot, pourrait probablement débuter au lac Travery [au km 68], ou encore au lac Chargé [km 70] ou au lac du petit Chaland [km 78], un des lacs de tête. On peut quand même apercevoir le long de la route, sous le pont du km 61, un rapide technique de niveau 2-3 d’environ 100 mètres.

Planification avec les préposés de la RFRM

La planification de l’aventure débute en appelant la SEPAQ, qui me réfère au poste d’accueil La Macaza de la Réserve FRM, qui enfin me réfère au poste d’accueil de Saint-Michel des Saints [1-450-833-5530]. La gentille préposée me transfère alors à la personne qui semble bien connaître la rivière, M. Daniel Saint-Georges.

Étant donné le niveau élevé de la rivière [70 m³], il me demande à plusieurs reprises si j’étais conscient de la difficulté de cette descente en hautes eaux et s’informe de mon « habilité » en eau vive. Un peu pour me mettre sur mes gardes, il ajoute que 6 canots ont été cravatés dans une expédition scolaire, les semaines précédentes.

Après l’avoir rassuré, il me confirma les points suivants :

  • Il est recommandé de vérifier le niveau de la rivière sur le site du Centre d’Expertise hydrique du Québec avant de planifier une descente. Lors de notre descente printanière, le niveau était à 68 mètres³/seconde, un niveau relativement élevé. L’été, la rivière descend jusqu’à 5 m³/s mais reste canotable jusqu’à 15 m³/s.
    .
  • La réserve offre la location de canots et d’équipements connexes [sauf le casque!?]. Les canots offerts en location sont des canots Présage d’Esquif, non adaptés pour ces gros rapides du printemps. Il aurait été préférable de choisir le modèle Canyon d’Esquif, au même prix.
    .
  • Les canots sont transportés au point de départ de notre choix [généralement au lac Odelin].
    .
  • Le coût pour le camping est de 10,93 $ [avec taxes] par personne, par nuit.
    .
  • Si vous n’êtes pas un groupe, nul besoin de réserver à l’avance.
    .
  • Le coût pour pêcher [du brochet] dans la rivière est de 19,91 $ par personne, par jour [plus le permis de pêche de 30 $ qui est obligatoire].
    .
  • Il n’est pas possible de pêcher dans les lacs que nous croisons le long de la rivière, puisqu’ils sont réservés aux locataires de chalets (situation aussi un peu étrange).
    .
  • Aucun coût pour le droit d’accès des véhicules.
    .
  • Il est possible de se procurer du bois à l’accueil [7 $ le petit sac] mais il est préférable d’apporter votre propre bois, du moins pour le premier soir.
    .
  • Il n’est pas possible de camper sur la rive sud de la rivière, puisque c’est la limite nord du Parc du Mont-Tremblant.
    .
  • On nous confirme que plusieurs sites de camping existent un peu partout le long de la rivière, avec table de pique-nique avec ou sans toilette sèche.
    .
  • Par contre, il n’existe aucune carte des sites de camping ou des rapides de la rivière. Est-ce de la négligence de la Sepaq ou simplement pour se protéger de poursuites éventuelles.
    Peut-être que si une carte détaillée de la rivière était disponible, il y aurait moins de canots cravatés et plus de pagayeurs? N’existe-t-il pas une carte des rivières La Diable ou de l’Assomption produites par la Sepaq?

Une fin de semaine froide et pluvieuse de mai

Le poste d’accueil de la Réserve faunique RM est situé à 26 km à l’ouest de Saint-Michel des Saints [2 h 30 de Montréal]. Après l’enregistrement, vous aurez alors à parcourir 24 km de route de terre, relativement bien entretenue, pour vous rendre à votre site de camping de départ [environ 40 minutes de route].

Nos 6 larrons arrivent donc en après-midi au lac Odelin, pour monter le camp sous la pluie et le froid. Nous cuisinons un bon souper sur feu de bois, que nous dégustons au sec sous la tente moustiquaire. Nous nous endormons en nous faisant bercer au son de la pluie qui crépite sur nos tentes.

Un peu ralenti par la pluie incessante, le départ est lent et humide. Vers midi, aussitôt le camp démonté, le lac Odelin nous offre l’opportunité de se dégourdir les bras et de se réhabituer à nos partenaires [le départ se situe au km 68 de la carte de Charles Leduc].

Début du canot-camping en lion

Dès que nous pénétrons dans l’embouchure de la rivière, il est alors évident que les rapides sont gonflés et les flots rapides. Pour les 8 prochains km, nous ferons aussitôt la découverte d’une longue suite de R1, entre les km 67 et km 59, dans une rivière étroite et sauvage. Deux difficultés notables: au km 62, une section de 150 m R1-R2-R3, se terminant par un seuil 3, un peu surprenant.

En hautes eaux, il est préférable d’attaquer ce rapide sur la gauche, et de franchir le seuil au centre. Et finalement au km 61, un R2 de 200 mètres à grosses vagues, qui se termine au pied d’un très pittoresque camping à votre gauche, où nous avons lunché.

La Matawin Ouest

Au km 58, vous croisez l’autre branche de la rivière, qui double alors de largeur. Vous traversez alors une série de méandres, de baies et de lacs, pour vous reposer des rapides. Vous croisez alors un très beau camping au km 54, avec table et toilette sèche.

La deuxième nuit

Vers 16 h 30, nous optons pour un arrêt au km 51, dans un camping sympathique, qui nous permet d’aller inspecter les 3 km de R2 en aval, et qui stimulera la digestion de notre copieux repas.

Fait à remarquer, pendant la soirée un renard s’est approché de nous à plusieurs reprises, ne craignant ni le feu, ni nos cris. Même après lui avoir lancé plusieurs petits cailloux, il continuait de s’approcher. Je me mis alors à lui courir après avec une pagaie, et il a finalement quitté les lieux, l’animal un peu triste de mon manque d’hospitalité.

Les parcs et les réserves sont réputés pour les animaux sauvages qui ont perdu leur peur de l’homme et cette proximité peut causer des problèmes importants. Nous avons remarqué que l’animal portait une blessure, ce qui pourrait peut-être expliquer son comportement. Soyez vigilants en transportant votre nourriture dans des contenants hermétiques et bien sûr, ne jamais nourrir les animaux sauvages.

Le monstre de la Ronde

Partis à 9 h 30, nous entreprenons ce long R2 de 3 km, sans coup férir. Un train de vagues ininterrompues, agrémentées de quelques baies nous permettant d’écoper. Nous croisons même un seuil 2 pendant le trajet, sans problème, trop occupé à gérer notre adrénaline.

Le célèbre rapide R4

 

Nous relaxons un peu avant d’arriver au fameux R4 qui est maintenant devenu une chute impressionnante. Pas question de s’y aventurer. Nous optons donc pour examiner attentivement le chenal de gauche, qui est un R2 manœuvrier, avec un arbre tombé en fin de rapide.

Nous nous offrons un dernier train de vague, dans ce qui était autrefois un barrage pour la drave, servant probablement à noyer ce rapide à embâcles.

Plus loin, un arrêt sur le site enchanteur à la pointe du lac Vaga au km 44 pour casser la croûte, mais situé techniquement dans le parc du Mont-Tremblant [donc interdit]. La Sepaq ne pourrait-elle pas stimuler la promotion de cette rivière en permettant aux canots-campeurs de s’y arrêter légalement?  Il existe un immense site de camping sur la colline, mais une affiche sur la rive y interdit l’accès aux canots-campeurs. Triste paradoxe.

Méandres et farniente

La dernière partie de la rivière n’est qu’un fleuve tranquille et douces dérives, bien que le courant est encore rapide. Sauf pour un court R2 sous le pont, qui aurait pu devenir dangereux puisqu’un arbre bloquait la partie de gauche et une partie de la droite.

Arrivés à 14 h au point de sortie, derrière le poste d’accueil de la Réserve FRM, nous étions de retour en ville pour le souper.

En basses eaux

De par la nature de cette rivière, il est beaucoup plus agréable de la descendre quand elle est pleine d’eau. Mais vous devez être un pagayeur aguerri sinon gare aux problèmes. L’été, elle devient un champ de cailloux, où vous devez vous arrêter fréquemment pour hâler, cordeler et marcher dans le lit de la rivière. D’ailleurs M. Saint-Georges me disait qu’en période d’étiage, la Réserve faunique interdit tout simplement la rivière aux canoteurs.

 


Afficher Rivière Haute-Matawin Ouest sur une carte plus grande

À consulter, pour en savoir un peu plus…

  • Pour louer des canots dans Lanaudière contacter Canot Location à Repentigny . Ils offrent aussi la location de l’équipement pour le canot, ainsi que la remorque.
4.5/5 (2 Reviews)
X