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La pêche au saumon au lac Ontario, du rêve à la réalité

Avec exaltation, des amis nous ont vanté la pêche aux saumons au lac Ontario. On utilisait des termes comme « pêche miraculeuse », « expérience d’une vie », « le paradis du pêcheur ». On nous montrait des photos de saumons Coho, saumons chinook et truites Steelhead cordés comme à la poissonnerie.

C’était trop beau pour être vrai, il fallait que j’aille visiter ce nirvana de la grosse prise.

Un lac Ontario ensemencé

Il faut tout d’abord savoir que le lac Ontario, le plus petit des 5 grands lacs, a subi le contrecoup de l’industrialisation et du développement agricole sauvage de la région. Les saumons atlantiques qui y vivaient en grand nombre ont disparu, principalement à cause de la pollution et de la surpêche.

Suite à la dépollution partielle du lac, un programme Canada-USA appelé « Bring back the Salmon », a permis de réensemencer des millions de saumons atlantiques dans le lac, en espérant que cette espèce puisse se rétablir d’elle-même en aménageant des frayères dans les principaux tributaires du lac.

En même temps, l’ensemencement par les instances gouvernementales de plusieurs espèces de poissons a été entrepris afin de développer le tourisme par la pêche sportive, comme les saumons du Pacifique Coho et Chinook [appelé ici King], la truite brune, la truite arc-en-ciel [appelée SteelHead Trout] et la truite mouchetée.

Salon Camping, Chasse et Pêche de Montréal

Accompagné de quelques amis, nous nous donnons rendez-vous au Salon Camping chasse et pêche à la Place Bonaventure de Montréal à la mi-février. Ce salon existe depuis des décennies et regroupe des centaines de guides de pêches, de brocanteurs d’équipement et de vendeurs du temple qui vous proposent des vacances inoubliables en plein air. La concentration au mètre carré de vendeurs de rêve y est très élevée.

Qu’à cela ne tienne, nous nous rendons dans l’allée bordée de photos de monstres aquatiques, tenus à bout de bras par des clients débordant d’enthousiasme, à la limite de l’infarctus.

Notez que la plupart des guides sur le lac Ontario (du moins à ce salon) sont d’origine québécoise, et domiciliée au Québec.  Quoi de mieux qu’un guide francophone pour vendre à un client francophone ?

Après avoir feuilleté leurs albums-photos de propagande, le vendeur-guide se fait insistant :

– Réservez maintenant, parce que tous mes bateaux sont presque pleins jusqu’en 2022 😉

Nous hésitons. Nous leur parlons de nos amis qui ont rapporté des trophées l’année précédente, en utilisant un de leur concurrent.

– Ah oui, mais celui-ci n’est plus en affaires. Son bateau a coulé et il a été saisi par la garde côtière.

Ouf, ça promet.

Nous réservons quand même pour les 16 et 17 juin, en tout début de saison, ne sachant pas qu’à cette date le taux de succès est très bas, sinon nul. Aucun vendeur-guide ne nous a mentionné ce détail important lors de la réservation.

Ontario, Here we go!

Le 15 juin, nous nous enfilons les 500 km « panoramiques » de l’autoroute 401 pour nous rendre en banlieue d’Oshawa à la Marina du Port Darlington dans la municipalité de Bowmansville en Ontario.

Située dans le Harbour Conservation Area, cette petite marina un peu défraîchie accueille principalement des plaisanciers québécois francophones qui y passent l’été. Le rustique restaurant et son bar campagnard accueillent les pêcheurs de passage et les habitués. Étrangement, aucun employé n’y parle français malgré que la majorité des clients soit francophone. Notre guide Steve nous accueille avec le sourire. Il nous avise que le départ se fait à 5 heures le lendemain matin.

À quelques minutes de la marina, nous prenons possession de nos luxueuses chambres au Holiday Inn Express de Bowmanville à 149 $ la nuit. Endroit isolé dans un champ, propre et moderne; l’employé de nuit vous prépare même un petit déjeuner continental à emporter à 4 h 30 du matin. Quoi demander de plus? Du poisson, bon dieu…

Malgré un attirail impressionnant de lignes d’acier, de pesées et de sonar, et après plusieurs heures de pêche, aucune trace de poissons sur les flots bleus de cette mer intérieure. À mi-chemin en avant-midi, nous avons dû rebrousser chemin à la marina à cause de vents violents et d’un orage impressionnant à l’horizon. Pendant que les vagues se brisaient sur la poupe, je n’avais dans la tête que les images du SS Minnow, le bateau de Gilligan dans la série mythique de mon enfance.

De retour sur la terre ferme vers midi, nous décidons d’aller casser la croûte au chic restaurant « Red Lobster » de Belleville. Si les poissons ne viennent pas à toi, laissez les poissons aller au restaurant. Coucher tôt, levez tôt. Même triste constat. Aucune prise. Rien. Comme on dit ici « F*ck all ». Les autres bateaux reviennent aussi bredouilles.

L’explication scientifique de Steve? L’hiver dernier a été rigoureux et le lac a gelé au complet, ce qui ne s’était pas produit depuis 40 ans. Selon lui, la migration des poissons n’a pas encore débuté puisque l’eau est encore trop froide à 48 degrés F [moins de 9 °C].

Un peu désemparé, notre guide nous offre deux demi-journées de pêche gratuite si nous revenons en juillet. Nous acceptons l’offre.

Retour au Haut-Canada

Avec une température pluvieuse, venteuse et froide [10 °C le matin], nos deux demi-journées de juillet n’ont pas été très fructueuses. Quelques saumons Coho et truites Steelhead, mais rien de très nourrissant pour sustenter nos glacières.

Un total de quatre jours sans beaucoup de succès. Et ne blâmez pas l’habilité des pêcheurs puisque nous touchons aux lignes seulement lorsque le poisson a mordu.

Coût de l’aventure pour 4 pêcheurs et 2 jours de pêche

Voici un survol du prix d’une expédition au lac Ontario => prix total pour 2 jours [prix par personne pour 2 jours].

Notez que les permis de pêche sont obligatoires, sinon le guide vous refusera l’accès au bateau. Les timbres de Gravol pour le mal des transports sont indispensables, surtout si les flots sont moindrement agités.

  • Hôtel Holiday Inn Bowmanville : 2 nuits x 2 chambres [149 $ la nuit] = 620 $ [155 $]
  • Permis de pêche de l’Ontario : 110 $ [27,50 $]
  • Guide de pêche, essence et embarcation : 800 $ par jour = 1 600 $ [400 $]
  • Gravol : 32 $ [8 $]
  • Restaurant et boisson : 500 $ [125 $]
  • Essence [1 auto] : 150 $ [37,5 $]
  • Total : 2 400 $ [600 $]

Ces montants incluent les taxes, pourboires et frais de service, mais excluent les coûts reliés à l’usure de l’automobile (et les mouchoirs pour pleurer).

Et puis?

En conclusion, avant de réserver, attendez de voir si la pêche fonctionne bien. Un truc? Attendez fin juin et téléphonez à plusieurs guides de la région pour connaître la situation de la pêche. Il y en a probablement un qui vous dira la vérité, sinon allez pêcher ailleurs, dans un lieu où vous pourrez en avoir plus pour votre argent [c.-à-d. 600 $ pour deux jours de pêche].

Information complémentaire

Quelques guides

http://www.lacontario.com/

http://www.guidedepechelacontario.ca/lac-ontario/

http://www.yvanrousseau.com/accueil.htm

http://www.proguide-charters.com/en/salmon-trout-fishing-lake-ontario.html

http://www.pechelacontario.com/

http://www.bluesharkcharters.ca/

http://salmonstrike.com/lake-ontario-fishing-action/

3/5 (3 Reviews)

2 Responses

  • Bonjour,

    Mon nom est Michel Charland, capitaine et propriétaire du bateau le « Daddy Cool », situé à la marina de Newcastle. Suite à la lecture de votre article, je peux dire qu’effectivement la saison 2014 fut plus difficile que la normale. Par contre, il faut faire attention lors de votre magasinage d’un guide et de surtout vous méfier de certains qui promettent la limite de prises et ce même après seulement quelques heures de pêche!!!. J’ai déjà reçu des appels de personnes qui me demandaient si je garantissais les limites de prises, car certains guides la leur garantissaient!! WOW, La pêche étant ce qu’elle est, jamais je vais garantir une limite de prises à mes clients, par contre la seule chose que je garantis, est que je vais faire tout mon possible pour un bon succès de pêche. J’ai toujours été honnête avec mes clients, même que l’été passé j’en ai rappelé pour les informer que la pêche était difficile et qu’il pouvait changer leurs dates de séjour ou même annuler, et que s’ils ne pouvaient venir plus tard dans la saison je leur retournerais leur dépôt.

    En terminant si vous n’avez pas été chanceux lors de vos séjours ne juger pas négativement le lac Ontario, car la qualité de pêche y est parfois exceptionnelle, car beaucoup de gens reviennent année après année, il faut croire qu’ils ont apprécié leur expérience au lac Ontario!
    Michel Charland

  • M. Chartrand,

    Merci pour votre commentaire.

    Vous avez raison. Les guides font souvent preuve d’un optimisme débordant, ce qui est le cas d’à peu près tous les vendeurs des pourvoiries. Mais où le bât blesse, c’est quand ces guides prennent des réservations à la mi-juin en sachant très bien que la pêche à cette période de l’année sera décevante, au même prix que la pêche en juillet.

    Avec les froids records encore en 2014-2015, j’imagine que la pêche en 2015 sera aussi en bas de la moyenne. Je vais m’assurer de vérifier la qualité de la pêche avant de m’y rendre de nouveau.

    Merci

    Benoit Laporte

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