J’ai grandi autour d’un lac au nord de la région de Lanaudière où apercevoir des tortues peintes était chose fréquente, et un grand moment de réjouissance.
La tortue peinte
Les tortues peintes aperçues étaient de grandeur moyenne, soit environ 8 pouces (20 cm) de diamètre. Elles sont assez mignonnes, avec un ventre de couleur jaune, et le tour de la carapace avec des lignes orange. Lorsqu’on les approche, la tête, les pattes et la queue disparaissent aussitôt dans la coquille.
J’ai eu l’occasion de voir pondre des tortues peintes à deux reprises. Lors de mes deux rencontres, le scénario était le même. Dès les premiers jours chauds de mai, elle marchait lentement de la rive jusqu’en bordure de la route de sable, pour lentement creuser avec sa queue, un trou dans le sable (comme on peut voir sur ma photo).
Et elle a alors laissé tomber ses œufs dans ce trou improvisé. Dès sa livraison terminée, en s’aidant de ses pattes et sa queue elle a rempli le trou, pour retourner aussitôt dans le lac. Et croyez-moi, ça se balade plus vite que dans la fable de Lafontaine.
Pourquoi cet étrange endroit pour pondre? Simplement parce que le soleil chauffera tout l’été la route de sable orienté au sud, et en même temps les œufs du reptile. En septembre, les petits émergeront de leur coquille pour lentement se rendre vers le lac. Si les oiseaux de proie et autres prédateurs (dont le raton laveur) leur en laissent la chance, ils peuvent vivre jusqu’à 55 ans.
Le passe-temps préféré d’une tortue peinte? Se faire chauffer la carapace sur une roche ou un billot émergé. Et on les y aperçoit tout l’été, en ignorant notre présence.
La tortue serpentine
Mon unique rencontre avec une tortue serpentine a été moins heureuse. Dans mon automobile, en me rendant à ma résidence au nord de Lanaudière, j’ai aperçu des véhicules s’arrêter devant moi, en tentant d’éviter une forme sur la route. Croyant avoir affaire à un cadavre de marmotte ou de moufette, j’ai vu que c’était une grande tortue terrorisée. Elle mesurait au moins 12 pouces (30 cm) de diamètre, avec une queue et un cou avec des pointes, comme un animal préhistorique. C’était un spécimen impressionnant d’un poids d’environ une vingtaine de livres (9 kg).
J’ai arrêté mon véhicule automobile sur l’accotement de la route, enfilé des gants de travail, et saisi la carapace de ce gros reptile de chaque côté. Mais quelle ne fut pas ma surprise de voir la bête s’étirer le cou pour tenter de me mordre ? Son cou s’est étiré pour ressembler à celui d’un serpent. Craignant de la laisser tomber sur le bitume, je mis mes mains sous la carapace pour la déposer en bordure du fossé. Le milieu était boisé avec de hautes herbes.
Aussitôt rendu à la maison, je me suis rendu compte que le nom anglais de cette espèce était Snapping Turtle, du fait de sa fâcheuse habitude de mordre ses prédateurs avec sa gueule aussi effilée qu’un couteau. Ses pattes, sa queue et sa tête ne peuvent pas se cacher dans la coquille, comme la tortue peinte. Son nom serpentine en français vient de son long cou, qui s’apparente à celle d’un serpent.
L’importance de rapporter les observations de tortues
Il existe un organisme qui est responsable d’inventorier, entre autres, les observations de tortues au Québec, l’atlas des amphibiens et des reptiles du Québec. Ce programme bénévole a comme objectif principal la conservation de nos espèces québécoises d’amphibiens et de reptiles. En plus de vous donner des informations sur ces animaux, il vous demande de rapporter vos observations dans un formulaire mis en ligne à cet effet. Leur mission est noble et aide à préserver les espèces en danger.
Comme complément de lecture, je vous recommande cet excellent document du Ministère des Ressources naturelles de l’Ontario concernant la tortue serpentine.